L'harmonisme rationnel

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Dieu existe-t-il ?

Le premier problème avec ce concept (Dieu) est le manque d'une définition fixe et précise. En l'absence d'une telle définition, on ne peut tout simplement pas discuter de l'existence de la chose. Ce flou permet en effet à ceux qui veulent démontrer son existence d'échapper à toute critique en faisant évoluer le concept comme cela les arrange au fil de la discussion.

Ce manque de définition apparaît aussi à un niveau plus fondamental : le concept d'existence doit lui aussi être bien défini.
On convient généralement qu'une chose existe, si elle se trouve quelque part dans l'univers. Ainsi, le cheval existe, mais pas la licorne, qui est une créature issue de l'imagination humaine. Dieu, cependant ne saurait être concerné par ce type d'existence puisqu'il est généralement considéré comme non localisable (comme étant partout et nulle part à la fois).
Il existe cependant une autre forme d'existence qui est celle des concepts abstraits de la physique. Ainsi, la pesanteur existe, et n'est pas localisable. Ce qui fait l'existence de la pesanteur est la participation de ce concept à un outillage conceptuel permettant de rendre compte précisément de ce que l'on percoit. Ainsi, la pesanteur rend compte (au moyen de quelques règles simples) du mouvement d'un objet lancé. Elle permet de calculer avec précision quand l'objet que je lâche va toucher le sol.

Définissons Dieu comme étant le "créateur de l'univers" (ce qui semble être la caractéristique la plus constante et fondamentale du concept).
Qu'est-ce que cette notion permet de prévoir précisément ? Rien ! Donc, en tant que concept "scientifique", Dieu n'existe pas.
On peut protester que tout ne se réduit pas à la science, ni à l'observable. Je veux bien. Sauf que lorsque nous parlons d'existence, dans la vie concrète, dans le langage courant, c'est bien d'une telle existence qu'il s'agit. Sinon, il y a bien sûr l'existence des idées en tant que telles. Mais nul ne conteste l'existence de Dieu en tant qu'idée (tout comme la licorne ou le cercle parfait). Ce n'est évidemment pas à cette existence là qu'aspirent les croyants...

Même sur un plan métaphysique, le concept pose bien des problèmes. Pour créer l'univers, il faut exister avant lui. Or, l'univers, c'est tout ce qui existe. Par conséquent, Dieu n'existe pas (puisqu'existant avant l'univers, il ne peut faire partie de "tout ce qui existe") ! Il conviendrait donc de dire que l'univers créé par Dieu n'est pas "tout ce qui existe", mais "tout ce qui existe matériellement". Ainsi, Dieu n'existe pas matériellement (ce qui est généralement revendiqué). Par conséquent, ce n'est qu'une pure idée, ce qui, comme nous l'avons vu, confirme son inexistence.

Les découvertes récentes en cosmogonie décrédibilisent encore plus cette notion, puisque le temps aurait commencé avec le big bang, ce qui signifie qu'il n'y a pas d'avant, et donc, qu'il ne peut y avoir création. Ou alors, il faut sortir de la notion de création telle qu'elle existe normalement, et postuler une création d'un autre type.
On voit que pour maintenir l'idée de Dieu, on doit se livrer à de continuelles contorsions avec les concepts, les "libérer" toujours plus de leur sens d'origine. Bref, prendre des libertés toujours plus grandes avec ce qui permet normalement aux hommes de se comprendre et de rendre compte de leur environnement.

Certains justifient l'existence du "créateur" par l'harmonie qui régnerait dans l'univers, en pratiquant l'analogie suivante : « une maison ne peut se former par le simple jeu du hasard, elle est forcément fabriquée par des hommes ». Sous-entendu : l'univers est comme une maison, il a une certaine organisation. *
Il est aisé de montrer que ce raisonnement est fautif.
Tout d'abord, « une certaine organisation » ce n'est pas exactement pareil que « comme une maison »... Dans les faits, cette « certaine organisation » de l'univers ressemble d'ailleurs souvent plutôt à une certaine désorganisation (l'univers est loin d'être si harmonieux que ça, ce jugement est très subjectif !), ce qui plaiderait en sens inverse.
Mais surtout, quand bien même l'organisation harmonieuse du monde ne serait pas discutable, tout ce qui est organisé (même à petite échelle) n'est pas produit par des humains : les rayons d'une ruche d'abeilles sont produits par les abeilles, les cristaux qui se forment lors de l'évaporation de l'eau sur la mer morte ne sont pas même produits par quelque animal que ce soit. Ils sont pourtant d'une régularité remarquable (cubes formant des sortes de pyramides)... Le raisonnement est donc faux car il repose sur une hypothèse fausse (que tout ce qui est ordonné est "créé") et une autre très approximative (que l'univers serait ordonné).

Dieu serait donc, au mieux, une idée métaphysique. Mais cela ne convient pas à la plupart des croyants. Ceux-ci font généralement intervenir Dieu dans le monde (il aurait dicté deux trois trucs à Moïse, Mahomet et quelques autres, il serait attentif à nos prières et serait même doué de sentiments humains comme l'amour ! Pour les chrétiens, il aurait même un fils, qu'il nous aurait envoyé pour expier nos fautes !) Cette hypothèse suppose une existence au sens fort, comme objet précis (à la différence de la pesanteur), mieux : comme un être proche de nous (quasiment-humain). Des propriétés sont ajoutées à Dieu qui, du coup, ne se définit plus comme "créateur de l'univers", mais comme une sorte de personnage en contact avec nous.
Oui, mais voilà : un personnage qui serait invisible, hyperpuissant, et qui aurait créé l'univers. Une telle associations de caractéristiques petitement humaines avec d'autres aussi sommitales, voilà qui est tout de même peu vraisemblable à un esprit bassement rationnel comme le mien !

Ce qui, par contre, m'apparaît clairement, comme collant fort bien à l'observation, sans avoir besoin de contorsions conceptuelles alambiquées, est l'hypothèse d'une projection fantasmatique de besoins humains, comme celui d'un père idéal (idée développée par Freud). On voit bien que ce qui importe au croyant est sa relation à Dieu... Dieu, être purement relationnel ?
La tendance à prendre ses désirs pour la réalité est une loi bien connue de notre psychologie. Si l'on ajoute à cela que le concept de Dieu est nécessaire à des religions qui promettent par dessus la marché, l'immortalité, une compensation des injustices de ce monde (dans le suivant), le pardon de nos fautes, un bonheur absolu (au paradis), on peut comprendre qu'il y en ait qui craquent...
Si l'on ajoute le fait que les idées religieuses sont martelées dès les plus jeune âge à la plupart des humains, on ne s'étonnera pas de leur prégnance...

Ce qu'il faudrait expliquer est qu'il est parfaitement possible d'atteindre un bonheur raisonnable en ce monde, en agissant sur ses propres désirs et besoins, et qu'une harmonie sociale bien supérieure à celle que nous connaissons actuellement peut parfaitement résulter d'une telle démarche. Cela nécessiterait juste un peu plus de raison et d'indépendance d'esprit.

En résumé, je ne recours pas personnellement à ce concept de Dieu, car pas assez rationnel. En particulier, la définition en est fluctuante et incohérente. On part de considérations hautement métaphysiques pour aboutir à des éléments relationnels concrets. Je n'y vois guère qu'une réalité socio-historique découlant d'un certain nombre d'aspirations humaines.

* Il s'agit de la cinquième "preuve" de St Thomas d'Aquin, dite "téléologique", arguments encore assumés par l'Église catholique (Quinquae viae). Les autres, très "métaphysiques", peuvent être semblablement réfutés.

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